Published: 27 Apr 2012 >> http://farmlandgrab.org/post/view/20403
La course aux terres ne profite pas aux pays du Sud
Par Gilles van Kote
Le phénomène des achats et locations de terres agricoles à grande échelle est l'objet, depuis la fin des années 2000, de débats passionnés. Le projet Land Matrix, qui rassemble cinq partenaires dont, pour laFrance, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), s'est donné pour but d'y insuffler un peu de rationalité et d'approche scientifique. D'où l'ouverture, vendredi 27 avril, d'un nouveau site Internet sur lequel doit être accessible la masse de données rassemblées.
"La course à la terre est une réalité, même si elle s'est ralentie depuis son pic de 2009", constate le rapport publié à cette occasion. Les chercheurs se sont concentrés sur les transactions internationales à des fins agricoles : depuis 2000, ils en ont recensé 1 217 - en négociations ou finalisées - concernant 83,2 millions d'hectares, soit 1,7 % de la surface agricole mondiale.
Plus de la moitié de ces transactions ont pu être vérifiées auprès d'une "source fiable". Le nombre de contrats signés recensés s'élève à 403, pour une superficie totale de 26,2 millions d'hectares. En 2011, un rapport du Cirad et de l'International Land Coalition, autre partenaire du projet, avait évoqué un chiffre de 203 millions d'hectares, mais y étaient inclus les transactions impliquant des acteurs nationaux ainsi que les achats et locations de terres à des fins autres qu'agricoles (mines, tourisme, agroforesterie, etc.).
ACCAPAREMENT DES TERRES
Le projet Land Matrix se base sur toutes les mentions de transactions foncières, généralement relevées dans les médias ou sur Internet, et entreprend de les vérifier, notamment en faisant appel à des partenaires locaux. "Bien que basées sur une méthodologie solide, les données inclues dans le Land Matrix doivent être traitées avec précaution", préviennent les auteurs du rapport, qui estiment que"certains pays peuvent être concernés par un grand nombre de transactions simplement parce qu'ils font preuve d'une plus grande transparence" que d'autres.
Par ailleurs, certains contrats ne font l'objet d'aucune publicité, alors que d'autres sont annulés, comme celui qui aurait dûpermettre, en 2008, à la firme sud-coréenne Daewoo d'exploiter 1,3 million d'hectares de terres à Madagascar.
Le phénomène d'accaparement des terres, ainsi que le qualifient ses détracteurs, s'est accéléré à la fin des années 2000, avec la hausse des prix alimentaires. Il touche l'Afrique (62 % des transactions), l'Asie du Sud-Est (plus de cinq millions d'hectares ont fait l'objet de transactions vérifiées aux Philippines, ce qui en fait le pays du monde le plus concerné) et - à un degré moindre - l'Amérique latine.
Les principaux investisseurs sont les pays émergents, emmenés par la Chine, ceux du golfe Persique, qui cherchent àassurer leur sécurité alimentaire, ainsi que les pays anglo-saxons. Le rapport basé sur Land Matrix montre que l'exportation des cultures est l'objectif de la majorité des projets, et dans un peu moins de la moitié de ces cas, à destination du pays d'origine de l'investisseur.
CULTURES NON ALIMENTAIRES
Les auteurs relèvent également que les entreprises privées sont les principales bénéficiaires des transactions, et qu'environ un quart de celles-ci concernent des cultures non alimentaires, majoritairement destinées à produire des biocarburants. Ils notent que les investisseurs s'intéressent particulièrement à des pays pauvres où la propriété foncière est mal garantie.
"Très peu de projets semblent avoir engagé les consultations adéquates avec les communautés locales", estiment-ils, ajoutant que, bien souvent, les autorités locales se révèlent incapables de préserver les intérêts des habitants. Ils admettent cependant n'avoir eu connaissance que d'un nombre limité de projets ayant donné lieu à des "évictions substantielles" de populations.
Le rapport relève que "près de la moitié des transactions concernent des zones déjà cultivées" et s'inscrit en faux contre l'idée que ces investissements permettraient d'exploiter des terres en friche. Il note que ces projets sont particulièrement gourmands en eau et ponctionneront donc les ressources des pays-cibles. "On ne sait pas grand-chose des effets à court et à long terme de ces investissements", reconnaissent les auteurs du document.
"La course à la terre est une réalité, même si elle s'est ralentie depuis son pic de 2009", constate le rapport publié à cette occasion. Les chercheurs se sont concentrés sur les transactions internationales à des fins agricoles : depuis 2000, ils en ont recensé 1 217 - en négociations ou finalisées - concernant 83,2 millions d'hectares, soit 1,7 % de la surface agricole mondiale.
Plus de la moitié de ces transactions ont pu être vérifiées auprès d'une "source fiable". Le nombre de contrats signés recensés s'élève à 403, pour une superficie totale de 26,2 millions d'hectares. En 2011, un rapport du Cirad et de l'International Land Coalition, autre partenaire du projet, avait évoqué un chiffre de 203 millions d'hectares, mais y étaient inclus les transactions impliquant des acteurs nationaux ainsi que les achats et locations de terres à des fins autres qu'agricoles (mines, tourisme, agroforesterie, etc.).
ACCAPAREMENT DES TERRES
Le projet Land Matrix se base sur toutes les mentions de transactions foncières, généralement relevées dans les médias ou sur Internet, et entreprend de les vérifier, notamment en faisant appel à des partenaires locaux. "Bien que basées sur une méthodologie solide, les données inclues dans le Land Matrix doivent être traitées avec précaution", préviennent les auteurs du rapport, qui estiment que"certains pays peuvent être concernés par un grand nombre de transactions simplement parce qu'ils font preuve d'une plus grande transparence" que d'autres.
Par ailleurs, certains contrats ne font l'objet d'aucune publicité, alors que d'autres sont annulés, comme celui qui aurait dûpermettre, en 2008, à la firme sud-coréenne Daewoo d'exploiter 1,3 million d'hectares de terres à Madagascar.
Le phénomène d'accaparement des terres, ainsi que le qualifient ses détracteurs, s'est accéléré à la fin des années 2000, avec la hausse des prix alimentaires. Il touche l'Afrique (62 % des transactions), l'Asie du Sud-Est (plus de cinq millions d'hectares ont fait l'objet de transactions vérifiées aux Philippines, ce qui en fait le pays du monde le plus concerné) et - à un degré moindre - l'Amérique latine.
Les principaux investisseurs sont les pays émergents, emmenés par la Chine, ceux du golfe Persique, qui cherchent àassurer leur sécurité alimentaire, ainsi que les pays anglo-saxons. Le rapport basé sur Land Matrix montre que l'exportation des cultures est l'objectif de la majorité des projets, et dans un peu moins de la moitié de ces cas, à destination du pays d'origine de l'investisseur.
CULTURES NON ALIMENTAIRES
Les auteurs relèvent également que les entreprises privées sont les principales bénéficiaires des transactions, et qu'environ un quart de celles-ci concernent des cultures non alimentaires, majoritairement destinées à produire des biocarburants. Ils notent que les investisseurs s'intéressent particulièrement à des pays pauvres où la propriété foncière est mal garantie.
"Très peu de projets semblent avoir engagé les consultations adéquates avec les communautés locales", estiment-ils, ajoutant que, bien souvent, les autorités locales se révèlent incapables de préserver les intérêts des habitants. Ils admettent cependant n'avoir eu connaissance que d'un nombre limité de projets ayant donné lieu à des "évictions substantielles" de populations.
Le rapport relève que "près de la moitié des transactions concernent des zones déjà cultivées" et s'inscrit en faux contre l'idée que ces investissements permettraient d'exploiter des terres en friche. Il note que ces projets sont particulièrement gourmands en eau et ponctionneront donc les ressources des pays-cibles. "On ne sait pas grand-chose des effets à court et à long terme de ces investissements", reconnaissent les auteurs du document.
Gilles van Kote
Ruée sur les terres du Tiers-Monde: des retombées modestes sur l'emploi
Published: 27 Apr 2012
Agence France Presse | 27 avril 2012
Ruée sur les terres du Tiers-Monde: des retombées modestes sur l'emploi
PARIS - Les achats massifs de terres par des investisseurs étrangers dans le Tiers-Monde, vantés comme un moyen de sortir leurs populations du sous-développement, n'ont eu jusqu'à présent que de rares retombées sur l'emploi local, selon un rapport publié vendredi.
Ce document recense 1.217 transactions effectuées par des étrangers dans les pays pauvres depuis 2000, portant sur un total de 83,2 millions d'hectares. Cela équivaut à 1,7% des zones agricoles mondiales.
Il y a peu de retombées pour le moment car les systèmes de production mis en place sont fortement mécanisés. Donc, il y a besoin de très peu de main d'oeuvre sur ces projets, affirme Mathieu Boche, doctorant au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et co-auteur du rapport.
En outre, de nombreux projets n'ont pas encore atteint leur rythme de croisière. Le potentiel d'emplois est mis en avant par les investisseurs mais, pour le moment, on n'a pas retrouvé des niveaux d'emplois aussi importants qu'annoncés, explique-t-il.
Sur une base de 117 projets étudiés, 90 ont eu des retombées positives sur les infrastructures (santé, éducation) mais il est difficile d'en évaluer l'impact sur l'emploi, note le rapport intitulé Transactions foncières transnationales pour l'agriculture dans l'hémisphère sud.
Les investissements étudiés visent à 62% l'Afrique, suivie de l'Asie puis de l'Amérique latine, indique le texte issu d'un partenariat entre cinq organismes spécialisés.
Mais ce sont 11 pays, essentiellement en Afrique orientale et en Asie du Sud-Est, qui représentent 70% de la surface acquise. Les investisseurs ont tendance à se concentrer sur les pays les plus pauvres, soulignent les auteurs.
En outre, environ 45% des transactions visent des terres sous culture, ce qui rend inévitable la concurrence entre les investisseurs et les petits exploitants agricoles.
L'achat des terres a souvent lieu dans des zones à densité de population très élevée et non pas sur les terres dites +en friche+, confirme Markus Giger, du centre pour le développement et l'environnement (CDE), de l'Université de Berne, cité dans un communiqué.
Les pays visés ont souvent des institutions faibles et il y a des preuves inquiétantes bien que limitées d'évictions, poursuit le rapport.
Ainsi, si des compensations sont prévues dans les contrats, il y a peu de moyen de vérifier leur mise en place ou de les faire respecter.
Côté paiement, les versements en une fois sont fréquents, mais des loyers sont aussi payés dans certains cas, et se situent entre 7 cents et 100 dollars par hectare et par an, avance le document, le premier à être élaboré à partir des données récoltées par la Matrice des transactions foncières.
Cette banque de données, désormais consultable en ligne (http://landportal.info/landmatrix/), rassemble un maximum d'informations sur les investissements concernant des surfaces de 200 hectares et plus.
La plupart des projets - essentiellement menés par des entreprises privées, mais aussi le secteur public, des fonds d'investissement et des partenariats public-privé - sont destinés à l'exportation.
Les acheteurs viennent de pays émergents comme le Brésil ou la Chine. L'implication massive d'investisseurs issus de pays émergents illustre une nouvelle tendance au régionalisme caractérisé par des relations sud-sud, ajoute le rapport.
Les deux autres grands groupes sont les Etats du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, ainsi que l'Amérique du Nord.
Loin d'être un phénomène momentané, l'acquisition de terres répond à des tendances de long-terme, peut-on lire. Parmi elles : la hausse des prix, l'accroissement de la population, la hausse de la demande pour la nourriture, les biocarburants, les matières premières et le bois ou encore la spéculation financière.
L'accès à l'eau est aussi un argument.
Cinq organismes se sont associés pour mettre sur pied le rapport et la plateforme internet : outre le Cirad et le CDE, le Giga (Institut allemand d'études mondiales et régionales), le Giz (Deutsche Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit) et ILC (Coalition internationale pour l'accès à la terre).
La ruée des grandes entreprises mondiales sur les terres agricoles, qui avait atteint des sommets en 2009, n'était pas un épiphénomène mais une tendance de fond. Tel est le principal enseignement d'une étude publiée ce vendredi par la Coalition internationale pour l'accès à la terre (ILC), rédigée avec l'aide d'une quarantaine d'organisations à l'occasion de la Conférence annuelle de la Banque mondiale sur la Terre et la Pauvret.
La plupart des acquisitions concentrées dans 11 pays
L'étude analyse ainsi les investissements fonciers agricoles au niveau international sur les 1217 transactions signalées depuis 2000, concernant 83,2 millions d'hectares de terres dans les pays en développement. Soit l'équivalent de 1,7% de la surface agricole mondiale. "La ruée s'est ralentie, mais elle continue à un haut niveau" précise le rapport. Et c'est l'Afrique qui concentre, sans surprise, toutes les attentions des acheteurs de terres. Ainsi, 754 transactions sur les 1.217 recensées concernent le continent noir, ce qui représente 56,2 millions d'hectares. Soit beaucoup plus qu'en Asie (17,7 millions d'hectares) et en Amérique latine (7 millions). Ces acquisitions de terres représentent 4,8% du total des terres agricoles africaines, c'est-à-dire une superficie équivalente au Kenya.
La majorité des acquisitions concernent d'ailleurs une infime minorité de pays. Ainsi, onze pays concentrent plus de 70% de la surface totale des terres acquises dans ces transactions. Sept sont Africains (le Soudan, l'Ethiopie, le Mozambique, la Tanzanie, Madagascar, la Zambie et la République démocratique du Congo). Les trois autres sont les Philippines, l'Indonésie et le Laos.
Les investisseurs ciblent les pays les plus pauvres... et qui les protègent le mieux
Selon l'étude, les investisseurs choisissent des pays parmi les plus pauvres, les plus faiblement intégrés dans l'économie mondiale, notamment les pays africains, mais qui offrent de grandes protections pour les investisseurs. Les investisseurs ? L'étude souligne que les principaux pays investisseurs se divisent en trois groupes : les économies émergentes, les Etats du Golfe, et l'Europe et l'Amérique du Nord. Ils proviennent à la fois du secteur public et du secteur privé, et sont attachés aux partenariats avec les pays dans lesquels ils veulent s'implanter, à la fois pour réduire les coûts d'une administration locale souvent complexe, et pour des raisons légales. Un précédent rapport de la Coalition internationale pour l'accès à la terre (ILC), publié en janvier dernier, faisait également état de l'augmentation des acteurs locaux dans l'achat de terres. Ainsi, à Madagascar par exemple, des entreprises locales ont acheté en masse des terres, puis ont signé des contrats avec des entreprises étrangères, de manière à devenir des intermédiaires entre des sociétés étrangères et la population locale.
Des intérêts de long terme
Mais qu'est-ce que ces investisseurs viennent chercher dans ces terres agricoles ? Plus des trois quarts (78%) des transactions qui ont donné lieu à des vérifications croisées concernent ainsi la production agricole, notamment les biocarburants. Le reste se répartit entre l'extraction minière, le tourisme et la reconversion forestière.
La ruée sur les terres semble motivée, selon l'étude, par des intérêts de long terme. "La crise alimentaire de 2007-2008 a entraîné une ruée des investisseurs pour les terres agricoles disponibles, qui va continuer dans les années à venir et sur le long-terme", estime l'étude. L'augmentation probable des prix des matières premières alimentaires, la croissance de la population mondiale et de la demande de nourriture, et le développement des biocarburants et de la spéculation financière, font que les terres agricoles sont des investissements d'avenir.
For more information, contact: ruralmodernity@gmail.com
Ruée sur les terres du Tiers-Monde: des retombées modestes sur l'emploi
PARIS - Les achats massifs de terres par des investisseurs étrangers dans le Tiers-Monde, vantés comme un moyen de sortir leurs populations du sous-développement, n'ont eu jusqu'à présent que de rares retombées sur l'emploi local, selon un rapport publié vendredi.
Ce document recense 1.217 transactions effectuées par des étrangers dans les pays pauvres depuis 2000, portant sur un total de 83,2 millions d'hectares. Cela équivaut à 1,7% des zones agricoles mondiales.
Il y a peu de retombées pour le moment car les systèmes de production mis en place sont fortement mécanisés. Donc, il y a besoin de très peu de main d'oeuvre sur ces projets, affirme Mathieu Boche, doctorant au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et co-auteur du rapport.
En outre, de nombreux projets n'ont pas encore atteint leur rythme de croisière. Le potentiel d'emplois est mis en avant par les investisseurs mais, pour le moment, on n'a pas retrouvé des niveaux d'emplois aussi importants qu'annoncés, explique-t-il.
Sur une base de 117 projets étudiés, 90 ont eu des retombées positives sur les infrastructures (santé, éducation) mais il est difficile d'en évaluer l'impact sur l'emploi, note le rapport intitulé Transactions foncières transnationales pour l'agriculture dans l'hémisphère sud.
Les investissements étudiés visent à 62% l'Afrique, suivie de l'Asie puis de l'Amérique latine, indique le texte issu d'un partenariat entre cinq organismes spécialisés.
Mais ce sont 11 pays, essentiellement en Afrique orientale et en Asie du Sud-Est, qui représentent 70% de la surface acquise. Les investisseurs ont tendance à se concentrer sur les pays les plus pauvres, soulignent les auteurs.
En outre, environ 45% des transactions visent des terres sous culture, ce qui rend inévitable la concurrence entre les investisseurs et les petits exploitants agricoles.
L'achat des terres a souvent lieu dans des zones à densité de population très élevée et non pas sur les terres dites +en friche+, confirme Markus Giger, du centre pour le développement et l'environnement (CDE), de l'Université de Berne, cité dans un communiqué.
Les pays visés ont souvent des institutions faibles et il y a des preuves inquiétantes bien que limitées d'évictions, poursuit le rapport.
Ainsi, si des compensations sont prévues dans les contrats, il y a peu de moyen de vérifier leur mise en place ou de les faire respecter.
Côté paiement, les versements en une fois sont fréquents, mais des loyers sont aussi payés dans certains cas, et se situent entre 7 cents et 100 dollars par hectare et par an, avance le document, le premier à être élaboré à partir des données récoltées par la Matrice des transactions foncières.
Cette banque de données, désormais consultable en ligne (http://landportal.info/landmatrix/), rassemble un maximum d'informations sur les investissements concernant des surfaces de 200 hectares et plus.
La plupart des projets - essentiellement menés par des entreprises privées, mais aussi le secteur public, des fonds d'investissement et des partenariats public-privé - sont destinés à l'exportation.
Les acheteurs viennent de pays émergents comme le Brésil ou la Chine. L'implication massive d'investisseurs issus de pays émergents illustre une nouvelle tendance au régionalisme caractérisé par des relations sud-sud, ajoute le rapport.
Les deux autres grands groupes sont les Etats du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, ainsi que l'Amérique du Nord.
Loin d'être un phénomène momentané, l'acquisition de terres répond à des tendances de long-terme, peut-on lire. Parmi elles : la hausse des prix, l'accroissement de la population, la hausse de la demande pour la nourriture, les biocarburants, les matières premières et le bois ou encore la spéculation financière.
L'accès à l'eau est aussi un argument.
Cinq organismes se sont associés pour mettre sur pied le rapport et la plateforme internet : outre le Cirad et le CDE, le Giga (Institut allemand d'études mondiales et régionales), le Giz (Deutsche Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit) et ILC (Coalition internationale pour l'accès à la terre).
La Tribune | 26/04/2012 >>
http://farmlandgrab.org/post/view/20399
Dans un rapport, la Coalition internationale pour l'accès à la terre (ILC) estime que le phénomène de l'acquisition à grande échelle de terres agricoles se poursuit. Une dizaine de pays concentrent l'essentiel des assauts des grands groupes internationaux.
La ruée des grandes entreprises mondiales sur les terres agricoles, qui avait atteint des sommets en 2009, n'était pas un épiphénomène mais une tendance de fond. Tel est le principal enseignement d'une étude publiée ce vendredi par la Coalition internationale pour l'accès à la terre (ILC), rédigée avec l'aide d'une quarantaine d'organisations à l'occasion de la Conférence annuelle de la Banque mondiale sur la Terre et la Pauvret.
La plupart des acquisitions concentrées dans 11 pays
L'étude analyse ainsi les investissements fonciers agricoles au niveau international sur les 1217 transactions signalées depuis 2000, concernant 83,2 millions d'hectares de terres dans les pays en développement. Soit l'équivalent de 1,7% de la surface agricole mondiale. "La ruée s'est ralentie, mais elle continue à un haut niveau" précise le rapport. Et c'est l'Afrique qui concentre, sans surprise, toutes les attentions des acheteurs de terres. Ainsi, 754 transactions sur les 1.217 recensées concernent le continent noir, ce qui représente 56,2 millions d'hectares. Soit beaucoup plus qu'en Asie (17,7 millions d'hectares) et en Amérique latine (7 millions). Ces acquisitions de terres représentent 4,8% du total des terres agricoles africaines, c'est-à-dire une superficie équivalente au Kenya.
La majorité des acquisitions concernent d'ailleurs une infime minorité de pays. Ainsi, onze pays concentrent plus de 70% de la surface totale des terres acquises dans ces transactions. Sept sont Africains (le Soudan, l'Ethiopie, le Mozambique, la Tanzanie, Madagascar, la Zambie et la République démocratique du Congo). Les trois autres sont les Philippines, l'Indonésie et le Laos.
Les investisseurs ciblent les pays les plus pauvres... et qui les protègent le mieux
Selon l'étude, les investisseurs choisissent des pays parmi les plus pauvres, les plus faiblement intégrés dans l'économie mondiale, notamment les pays africains, mais qui offrent de grandes protections pour les investisseurs. Les investisseurs ? L'étude souligne que les principaux pays investisseurs se divisent en trois groupes : les économies émergentes, les Etats du Golfe, et l'Europe et l'Amérique du Nord. Ils proviennent à la fois du secteur public et du secteur privé, et sont attachés aux partenariats avec les pays dans lesquels ils veulent s'implanter, à la fois pour réduire les coûts d'une administration locale souvent complexe, et pour des raisons légales. Un précédent rapport de la Coalition internationale pour l'accès à la terre (ILC), publié en janvier dernier, faisait également état de l'augmentation des acteurs locaux dans l'achat de terres. Ainsi, à Madagascar par exemple, des entreprises locales ont acheté en masse des terres, puis ont signé des contrats avec des entreprises étrangères, de manière à devenir des intermédiaires entre des sociétés étrangères et la population locale.
Des intérêts de long terme
Mais qu'est-ce que ces investisseurs viennent chercher dans ces terres agricoles ? Plus des trois quarts (78%) des transactions qui ont donné lieu à des vérifications croisées concernent ainsi la production agricole, notamment les biocarburants. Le reste se répartit entre l'extraction minière, le tourisme et la reconversion forestière.
La ruée sur les terres semble motivée, selon l'étude, par des intérêts de long terme. "La crise alimentaire de 2007-2008 a entraîné une ruée des investisseurs pour les terres agricoles disponibles, qui va continuer dans les années à venir et sur le long-terme", estime l'étude. L'augmentation probable des prix des matières premières alimentaires, la croissance de la population mondiale et de la demande de nourriture, et le développement des biocarburants et de la spéculation financière, font que les terres agricoles sont des investissements d'avenir.
The Land Matrix: Much ado about nothing
Published: 27 Apr 2012 >> http://farmlandgrab.org/post/view/20405
Posted in: ILC
The International Land Coalition (ILC), in collaboration with prominent international developmental organizations such as the GIZ and CIRAD, recently launched its much-awaited global dataset of land deals, the Land Matrix. During last year’s conference on Global Land Grabbing in Sussex and with the publication of the ‘biggest study on large land deals’, the ILC has been enticing us with snippets of aggregated data on global land deals. It looked promising and I was eagerly awaiting to see its dataset to get a sense of its data quality. Besides, with such a large network of respected collaborators, I was confident that something more elaborate and scientifically rigorous would finally come on offer. It was becoming tiring to see the same deeply flawed figures being relentlessly rehashed (even by fellow academics); such as those, for example, of the Global Land Project, IFPRI, and the World Bank. The IIED wrote a succinct brief highlighting some of the problems with reports such as these.
The moment I read the Guardian’s announcement of the launch of the dataset, I was struck by a horrendous sense of dismay. In its investor top 10, I immediately noticed the entry of ZTE International in the DRC (2.8 million ha), Wuhan Kaidi in Zambia (2 million ha), and Daewoo in Madagascar (1.6 million ha). How can these be included? These land deals have never come to fruition. This is fairly common knowledge amongst those acquainted with such developments. ZTE only received 100,000 ha, which it is failing to develop; Wuhan Kaidi received only 79,300 ha; and Daewoo never received any land – a final leasehold contract for the land was in fact never signed (as the GIZ – one of the Land Matrix partners – already reported). The initial Daewoo MoU was also for 1.3 million ha, not 1.6 million ha.
I then turned to the actual dataset and my dismay grew even greater. While we were promised verified data, no thorough verification have appeared to taken place in practice. For example, for Ethiopia, a country I am more familiar with than any other, much of the data appears to be based solely on a report conducted by MELCA on biofuels. However, the data from this report is based entirely on a government dataset that records what areas of land prospective investors are interested in, not acquired. Also, it claims that the Indian government acquired 1 million ha. The links to data sources are broken and the only link that does work takes us to the Global Land Project (!).
The data for the DRC is even more embarrassing. It, for example, contains two entries based on an NGO presentation. The 3 million ha deal referred to be the presenter is the incorrect ZTE deal, which was already included in the dataset, and the entry on 2 million ha by Israel was merely an expression of interest. No such deal ever materialized.
On top of that, across the entire dataset there are numerous duplicate entries - rather sloppy. The 2 Karuturi land deals were, for example, referred to 5 times, the one Ruchi deal 3 times, and the SEKAB deal 5 times.
I pulled out 127 entries 0f the 466 Africa entries that are either duplicates, unverifiable, or simply incorrect. See Land Matrix data errors.
So, from removing these duplicates and inaccurate entries, the 70.2 million ha ILC claims has been acquired is reduced by 20.64 million ha to 49.56 million ha - and this is only from removing some Africa entries. This reduces the total area for sub-Saharan Africa (SSA) from 34.27 million ha to 13.63 million ha. So, based on this, it cannot be claimed that SSA is a major recipient of land investments.
So, from removing these duplicates and inaccurate entries, the 70.2 million ha ILC claims has been acquired is reduced by 20.64 million ha to 49.56 million ha - and this is only from removing some Africa entries. This reduces the total area for sub-Saharan Africa (SSA) from 34.27 million ha to 13.63 million ha. So, based on this, it cannot be claimed that SSA is a major recipient of land investments.
While the ILC claims that all entries were circulated to in-country stakeholders for fact-checking, in reality it appears that this did little to improve data quality. This data is no better than the flawed reports cited above. The sad reality will be that given the extensive public promotion of the dataset, the media and other commentators will once again readily adopt these figures as fact without questioning their integrity.
For more information, contact: ruralmodernity@gmail.com
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