(Mis à jour: )
http://www.liberation.fr/economie/2012/08/10/dernieres-heures-pour-la-reprise-de-doux_838942
Cinq offres sérieuses de reprise partielle de
plusieurs sites du pôle frais du groupe volailler Doux (1 700
salariés), ainsi qu’une sixième offre irrecevable en l'état, ont été
déposées vendredi à la date-limite fixée par la justice, menaçant plus
d’un millier d’emplois.
Les groupes Duc, Glon Sanders (filiale de Sofiproteol) associé à Duc,
Axereal, LDC et Tallec ont déposé des offres séparées de reprise
partielle portant sur les sites de Clémont (Cher), Sérent (Morbihan),
Laval (Mayenne), Boynes (Loiret) et Amilly (Loiret).
L’abattoir de Blancafort dans le Cher (244 emplois), l’un des grands sites du pôle frais de Doux, déficitaire, n’a en revanche fait l’objet d’aucune proposition.
En l'état, ces offres préserveraient entre 450 et 500 emplois, sans compter les 134 personnes reprises à l’abattoir de Pleucadeuc (Morbihan) dans le plan de continuation du groupe Doux, sur un total de 1 704 pour le pôle frais, selon Sophie Gautier, l’un des administrateurs judiciaires chargés du dossier Doux.
Une sixième offre sur le site de Graincourt (Pas-de-Calais, 253 emplois), «pas recevable au sens juridique du terme en l'état» mais pouvant être améliorée, a été déposée pour le compte d’une société iranienne dont le nom n’a pas été précisé.
«C’est une offre en germe qu’il faut creuser», a expliqué Mme Gautier.
La coopérative Axereal a fait une offre sur le site de Clémont dans le Cher (aliments pour volailles).
Glon Sanders, filiale de Sofiproteol, le conglomérat présidé par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, a pour sa part déposé conjointement avec Duc une offre sur trois sites situés en région Centre: Clémont, Amilly (couvoir) et Boynes (abattoir de poulets).
Duc a par ailleurs fait une offre sur Sérent (Morbihan).
Le groupe LDC a précisé avoir déposé une offre de reprise totale de l’abattoir de Laval (Mayenne, 303 emplois). LDC propose par ailleurs la reprise partielle du site de Sérent, portant sur 55 des 175 salariés.
Enfin, le groupe finistérien Tallec a fait une offre sur l’abattoir de Sérent.
Les syndicats ont immédiatement crié au «massacre» pour FO, et, pour la CGT, au grand «dépeçage» d’un groupe volailler qui compte au total plus de 4 000 employés.
«On ne pouvait rien attendre d’autre d’un "tribunal des affaires" qui juge en fonction d’intérêts capitalistes bien compris. Ainsi les LDC, DUC et autres font-ils leur marché pour s’accaparer ce qui les intéresse dans leur recherche de profits immédiats», dit la CGT.
Pour la déléguée centrale FO de Doux, Nadine Hourmant, «on ne prend pas en considération le volet social, tout ce qui intéresse les repreneurs, c’est les sites, même parmi ceux qui sont repris il y aura des licenciements, des plans de sauvegarde de l’emploi», a-t-elle regretté.
Le groupe Doux a pour sa part salué les «fortes marques d’intérêt» pour les sites concernés, tout en espérant que «les offres pourront être améliorées dans les prochains jours, notamment sur le volet social», a commenté un porte-parole.
A Blancafort (Cher), l’absence d’offre a fait l’effet d’une douche froide.
«Nous sommes les grands délaissés de la filière», a déploré Françoise Lavisse, déléguée syndicale CFTC. «Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mépris pour Charles Doux, qui a toujours privilégié l’export et le surgelé en raison de l’argent que lui donnait Bruxelles».
Le gouvernement a pour sa part promis que l’Etat ne «laissera pas tomber les salariés» sans solution.
Ces offres «préservent l’avenir», a déclaré le ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot. «Le combat que nous avons mené depuis des semaines a permis de sauver 683 emplois, à la fois des emplois repris et des emplois reclassés».
Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait placé Doux frais en liquidation judiciaire le 1er août, devrait se prononcer sur les offres au cours de la première semaine de septembre.
Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d’observation jusqu’au 30 novembre.
(AFP)
Les magistrats ont décidé, comme le demandait Charles Doux, la poursuite de la période d’observation pour les pôles «poulets export» et «produits élaborés» jusqu’au 9 octobre et ont prononcé la liquidation du pôle frais, avec une date limite des offres de reprise fixée au 10 août. «Cette décision va nous permettre de travailler sereinement dans le cadre de la période d’observation pour améliorer notre plan de continuation, s’est félicité Maurice Lantourne, avocat de Charles Doux. C’est le seul projet qui assure le respect de la filière, des transporteurs, des éleveurs, des salariés et de tous les autres acteurs.» Régis Valliot, l’administrateur judiciaire du groupe, a jugé positive la décision dans la mesure où, en recalant l’offre «coordonnée et indissociable» de Sofiprotéol, la dizaine d’entreprises qui y avaient souscrit étaient de nouveau libres de tout engagement. «Il faut espérer qu’elles puissent réitérer leurs offres pour le pôle frais en sauvant le maximum d’emplois», a-t-il commenté, soulignant que la seule alternative pour la branche, fortement déficitaire, était sa «fermeture pure et sèche». Malgré tout, près de 1 700 emplois sont sur la sellette dans toute la France.
Nul doute en tout cas que l’apport d’argent frais annoncé par Charles Doux quelques jours avant l’audience au tribunal de commerce, vendredi, a lourdement pesé en sa faveur alors que la trésorerie du volailler, accusant le 27 juillet un trou de 7 à 9 millions d’euros, est exsangue. Ce sont ainsi 12 millions apportés par l’un des principaux clients du groupe, le Saoudien Al-Munajem, auxquels s’ajoutent 10 millions promis par la banque Barclays, (avant qu’elle n’entre à terme dans le capital à hauteur de 80% en convertissant sa créance de 140 millions d’euros), qui vont remplir les caisses et vont permettre au moins aux pôles export et produits élaborés de fonctionner pendant les quatre prochains mois.
Créances. Alors que le sort des 800 éleveurs et des quelque 1 000 routiers travaillant avec Doux, pris à la gorge par des créances respectives de 14 millions et 8 millions d’euros, restait très incertain avec la solution de Sofiprotéol, il pourrait aussi sensiblement s’améliorer avec le plan de Charles Doux, celui-ci ayant promis un remboursement rapide d’une partie au moins des créances. «Les fournisseurs, les salariés, les créanciers qui devraient être mieux payés, c’est bien pour tout le monde», a estimé Régis Valliot. Le tribunal a probablement été aussi sensible à l’aspect social de l’affaire : le plan de continuation de Charles Doux prévoit de conserver 3 190 postes en CDI. Un peu mieux que le consortium réuni par Sofiprotéol qui ne sauvait que 3 008 emplois, incluant dans ce chiffre 371 propositions de reclassements. Le plan concocté par Charles Doux et Michel Léonard, ancien président du directoire de Lactalis, promu directeur général de Doux après le dépôt de bilan, présentait néanmoins un gros point faible puisqu’il faisait l’impasse sur le pôle frais, dont l’avenir sera donc scellé dans dix jours.
Charles Doux, qui a perdu la confiance d’une bonne partie de ses salariés, parviendra-t-il à remettre sa société à flot à moyen et surtout à long terme ? Plusieurs syndicats doutent en tout cas que la banque britannique Barclays, même si elle tente de préserver ses intérêts en étant prête à prendre le contrôle du volailler, soit très préoccupée par l’avenir de la filière avicole française comme par celui des salariés. Certains délégués syndicaux s’étonnent également de l’intention affichée par Charles Doux d’augmenter les volumes en poulets congelés destinés à l’export. «Mais comment va-t-il faire ? Il ne se rend même pas compte de l’état des machines», confiait la semaine dernière, effarée, Nadine Hourmant, déléguée FO, pointant l’absence d’investissement depuis des années dans des outils devenus obsolètes.
Engagements. Dans le cadre de son plan de continuation, le patriarche de 75 ans a toutefois prévu des «investissements urgents» et «10 millions d’euros par an» pour moderniser les sites, assurent ses avocats. Reste à savoir s’il tiendra ses engagements dans un contexte où les salariés se désespèrent toujours d’entendre «beaucoup parler d’argent mais très peu de social».
L’abattoir de Blancafort dans le Cher (244 emplois), l’un des grands sites du pôle frais de Doux, déficitaire, n’a en revanche fait l’objet d’aucune proposition.
En l'état, ces offres préserveraient entre 450 et 500 emplois, sans compter les 134 personnes reprises à l’abattoir de Pleucadeuc (Morbihan) dans le plan de continuation du groupe Doux, sur un total de 1 704 pour le pôle frais, selon Sophie Gautier, l’un des administrateurs judiciaires chargés du dossier Doux.
Une sixième offre sur le site de Graincourt (Pas-de-Calais, 253 emplois), «pas recevable au sens juridique du terme en l'état» mais pouvant être améliorée, a été déposée pour le compte d’une société iranienne dont le nom n’a pas été précisé.
«C’est une offre en germe qu’il faut creuser», a expliqué Mme Gautier.
La coopérative Axereal a fait une offre sur le site de Clémont dans le Cher (aliments pour volailles).
Glon Sanders, filiale de Sofiproteol, le conglomérat présidé par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, a pour sa part déposé conjointement avec Duc une offre sur trois sites situés en région Centre: Clémont, Amilly (couvoir) et Boynes (abattoir de poulets).
Duc a par ailleurs fait une offre sur Sérent (Morbihan).
Le groupe LDC a précisé avoir déposé une offre de reprise totale de l’abattoir de Laval (Mayenne, 303 emplois). LDC propose par ailleurs la reprise partielle du site de Sérent, portant sur 55 des 175 salariés.
Enfin, le groupe finistérien Tallec a fait une offre sur l’abattoir de Sérent.
Les syndicats ont immédiatement crié au «massacre» pour FO, et, pour la CGT, au grand «dépeçage» d’un groupe volailler qui compte au total plus de 4 000 employés.
«On ne pouvait rien attendre d’autre d’un "tribunal des affaires" qui juge en fonction d’intérêts capitalistes bien compris. Ainsi les LDC, DUC et autres font-ils leur marché pour s’accaparer ce qui les intéresse dans leur recherche de profits immédiats», dit la CGT.
Pour la déléguée centrale FO de Doux, Nadine Hourmant, «on ne prend pas en considération le volet social, tout ce qui intéresse les repreneurs, c’est les sites, même parmi ceux qui sont repris il y aura des licenciements, des plans de sauvegarde de l’emploi», a-t-elle regretté.
Le groupe Doux a pour sa part salué les «fortes marques d’intérêt» pour les sites concernés, tout en espérant que «les offres pourront être améliorées dans les prochains jours, notamment sur le volet social», a commenté un porte-parole.
A Blancafort (Cher), l’absence d’offre a fait l’effet d’une douche froide.
«Nous sommes les grands délaissés de la filière», a déploré Françoise Lavisse, déléguée syndicale CFTC. «Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mépris pour Charles Doux, qui a toujours privilégié l’export et le surgelé en raison de l’argent que lui donnait Bruxelles».
Le gouvernement a pour sa part promis que l’Etat ne «laissera pas tomber les salariés» sans solution.
Ces offres «préservent l’avenir», a déclaré le ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot. «Le combat que nous avons mené depuis des semaines a permis de sauver 683 emplois, à la fois des emplois repris et des emplois reclassés».
Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait placé Doux frais en liquidation judiciaire le 1er août, devrait se prononcer sur les offres au cours de la première semaine de septembre.
Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d’observation jusqu’au 30 novembre.
(AFP)
Doux respire mais passe à la découpe
Dans un élevage de dindes, à Gien (Loiret), travaillant pour le groupe Doux. (PHOTO JACKY NAEGELEN. REUTERS)
Récit Le tribunal a opté, hier, pour le plan de continuation du groupe, offrant les meilleures garanties sociales. Mais le pôle frais doit être liquidé.
Charles Doux a gagné une manche. Après cinq jours de délibéré, le tribunal a tranché. Entre les offres de reprise du groupe Doux autour du financier de la filière oléagineuse Sofiprotéol et le plan de continuation proposé par son PDG, c’est ce dernier qui a eu la préférence du tribunal de commerce.Les magistrats ont décidé, comme le demandait Charles Doux, la poursuite de la période d’observation pour les pôles «poulets export» et «produits élaborés» jusqu’au 9 octobre et ont prononcé la liquidation du pôle frais, avec une date limite des offres de reprise fixée au 10 août. «Cette décision va nous permettre de travailler sereinement dans le cadre de la période d’observation pour améliorer notre plan de continuation, s’est félicité Maurice Lantourne, avocat de Charles Doux. C’est le seul projet qui assure le respect de la filière, des transporteurs, des éleveurs, des salariés et de tous les autres acteurs.» Régis Valliot, l’administrateur judiciaire du groupe, a jugé positive la décision dans la mesure où, en recalant l’offre «coordonnée et indissociable» de Sofiprotéol, la dizaine d’entreprises qui y avaient souscrit étaient de nouveau libres de tout engagement. «Il faut espérer qu’elles puissent réitérer leurs offres pour le pôle frais en sauvant le maximum d’emplois», a-t-il commenté, soulignant que la seule alternative pour la branche, fortement déficitaire, était sa «fermeture pure et sèche». Malgré tout, près de 1 700 emplois sont sur la sellette dans toute la France.
Nul doute en tout cas que l’apport d’argent frais annoncé par Charles Doux quelques jours avant l’audience au tribunal de commerce, vendredi, a lourdement pesé en sa faveur alors que la trésorerie du volailler, accusant le 27 juillet un trou de 7 à 9 millions d’euros, est exsangue. Ce sont ainsi 12 millions apportés par l’un des principaux clients du groupe, le Saoudien Al-Munajem, auxquels s’ajoutent 10 millions promis par la banque Barclays, (avant qu’elle n’entre à terme dans le capital à hauteur de 80% en convertissant sa créance de 140 millions d’euros), qui vont remplir les caisses et vont permettre au moins aux pôles export et produits élaborés de fonctionner pendant les quatre prochains mois.
Créances. Alors que le sort des 800 éleveurs et des quelque 1 000 routiers travaillant avec Doux, pris à la gorge par des créances respectives de 14 millions et 8 millions d’euros, restait très incertain avec la solution de Sofiprotéol, il pourrait aussi sensiblement s’améliorer avec le plan de Charles Doux, celui-ci ayant promis un remboursement rapide d’une partie au moins des créances. «Les fournisseurs, les salariés, les créanciers qui devraient être mieux payés, c’est bien pour tout le monde», a estimé Régis Valliot. Le tribunal a probablement été aussi sensible à l’aspect social de l’affaire : le plan de continuation de Charles Doux prévoit de conserver 3 190 postes en CDI. Un peu mieux que le consortium réuni par Sofiprotéol qui ne sauvait que 3 008 emplois, incluant dans ce chiffre 371 propositions de reclassements. Le plan concocté par Charles Doux et Michel Léonard, ancien président du directoire de Lactalis, promu directeur général de Doux après le dépôt de bilan, présentait néanmoins un gros point faible puisqu’il faisait l’impasse sur le pôle frais, dont l’avenir sera donc scellé dans dix jours.
Charles Doux, qui a perdu la confiance d’une bonne partie de ses salariés, parviendra-t-il à remettre sa société à flot à moyen et surtout à long terme ? Plusieurs syndicats doutent en tout cas que la banque britannique Barclays, même si elle tente de préserver ses intérêts en étant prête à prendre le contrôle du volailler, soit très préoccupée par l’avenir de la filière avicole française comme par celui des salariés. Certains délégués syndicaux s’étonnent également de l’intention affichée par Charles Doux d’augmenter les volumes en poulets congelés destinés à l’export. «Mais comment va-t-il faire ? Il ne se rend même pas compte de l’état des machines», confiait la semaine dernière, effarée, Nadine Hourmant, déléguée FO, pointant l’absence d’investissement depuis des années dans des outils devenus obsolètes.
Engagements. Dans le cadre de son plan de continuation, le patriarche de 75 ans a toutefois prévu des «investissements urgents» et «10 millions d’euros par an» pour moderniser les sites, assurent ses avocats. Reste à savoir s’il tiendra ses engagements dans un contexte où les salariés se désespèrent toujours d’entendre «beaucoup parler d’argent mais très peu de social».
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