REUTERS/Jacky Naegelen
Les vingt économies les plus puissantes de la planète se sont mis d'accord jeudi 23 juin à Paris sur un plan d'actions pour lutter contre la volatilité des prix agricoles. "Aujourd'hui est un grand jour, nous sommes parvenus à un accord historique", s'est réjoui le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire. La veille, Nicolas Sarkozy avait fait de la régulation des marchés agricoles l'un des chevaux de bataille de la présidence française du G20.
Ce que dit l'accordProduire plus et mieux: les membres du G20 reconnaissent "l'importance d'une augmentation significative de la production et de la productivité agricoles" en tenant compte "d'une utilisation durable des ressources naturelles". La déclaration finale prône la reprise des investissements (publics et privés) dans ce secteur afin "de relever le défi d'une demande croissante". Parmi les mesures concrètes envisagées, le G20 va concentrer ses efforts sur la recherche sur le génome du blé, la céréale la plus consommée au monde.
Plus de transparence sur les stocks: pour faciliter cette information, un "système d'information sur les marchés agricoles" (AMIS) sera mis en place. Cette base de données sera placée sous l'autorité de la FAO (organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation). Elle sera complétée par un système de surveillance satellitaire sur la production agricole qui permettra aussi de surveiller les effets du changement climatique.
Une meilleure coordination internationale: le G20 a décidé la création d'un "Forum de réaction rapide" qui aura pour mission de promouvoir "la cohérence et la coordination politiques en temps de crise". Ce dispositif vise à ne pas reproduire des situations comme celle de l'été dernier lorsque la Russie, victime de la sécheresse et de nombreux incendies, a décrété un embargo sur ses exportations de blé, entraînant une flambée des prix sur les marchés.
Réduire les effets de la volatilité des prix: ce point prévoit une boite à outils de gestion des risques agricoles et de sécurité alimentaire pour les pays en développement. Il "invite" le PAM (Programme alimentaire mondial) à l'élaboration d'un projet pilote pour la mise en place de réserves alimentaires humanitaires d'urgence dans les pays en développement.
Lutter contre la spéculation financière: les ministres du G20 reconnaissent "la nécessité de mettre en place sur les marchés des matières premières agricoles des règles de fonctionnement nouvelles" afin de lutter contre "les abus de marché et les manipulations croisées". Ils encouragent "fortement" les ministres des finances du G20, qui doivent se retrouver à l'automne, "à prendre les décisions appropriées pour une meilleure régulation et supervision des marchés financiers agricoles" au moyen notamment de "limites de position". [uma reunião para marcar reunião? mais efeito a estocagem do petróleo, que derrubou os preços, hoje, em 6%]
Ce qu'en pensent les observateursUne avancée...
"Nous avons obtenu des résultats au-delà de nos espérances pour faire face à la demande alimentaire croissante", a résumé, diplomate, le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'alimentation ( FAO) Jacques Diouf. "Pour la première fois, les pays industrialisés du G20 se sont mis d'accord sur une feuille de route concernant l'avenir de l'agriculture, avec une réelle volonté de mettre en place des outils de régulation, a confié à L'Expansion.com Xavier Beulin, président de la FNSEA, premier syndicat agricole en France. En ce sens, c'est un accord historique. L'initiative de la France a bien été entendue."
... jugée trop prudente
Nombre d'ONG estiment cependant que les avancées obtenues jeudi sont un "accord à minima". Les ONG et analystes doutent par exemple que la Chine et l'Inde donnent sans y être forcés des informations sur le niveau de leurs stocks et de leur production, alors qu'ils s'y étaient jusqu'ici refusé, considérant que ce sont des données stratégiques. "Tout est basé sur la bonne volonté des Etats pour se mettre autour de la table. Or sans contrainte, les Etats n'agiront pas durablement contre la volatilité des prix. Ces mesures risquent de rester lettre morte", avance Maureen Jorand, responsable alimentation et agriculture au CCFD, une ONG catholique qui lutte contre la faim dans le monde.
"On a des accords de principe sur un grand nombre de point, mais aucune mesure n'est détaillée ni chiffrée, comme par exemple les investissement publics pour produire plus et mieux, commente pour L'Expansion.com Christian Pees, président de la coopérative agricole Euralis et membre fondateur de Momagri, think tank qui milite pour une régulation du marché mondial de l'agriculture. Tant que les pays refuseront de réguler les stocks physiques de matières premières, la volatilité des prix continuera. Cet accord est une première marche mais la route est encore longue avant que ne se mette en place une véritable régulation et gouvernance de l'agriculture mondiale", conclut-il.
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