REUTERS/Brendan McDermid
Les membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui regroupe les pays industrialisés, puiseront 60 millions de barils de pétrole dans leurs stocks stratégiques pour compenser l'arrêt des exportations libyennes, a déclaré jeudi le directeur général de l'organisation Nobuo Tanaka. Les 28 pays membres de l'AIE mettront ces volumes sur le marché pour une période initiale de 30 jours, a précisé M. Tanaka lors d'une conférence de presse tenue à Paris. Les premiers barils extraits des réserves stratégiques devraient arriver sur les marchés à partir de la semaine prochaine.
Selon l'Agence, les événements en Libye ont privé le marché à fin mai de 132 millions de barils de pétrole brut. Or l'augmentation saisonnière de la demande attendue cet été risque d'exacerber le manque d'approvisionnement, estime-t-elle. Au delà des circonstances, l'Agence se montre également soucieuse de ne pas contrarier la "reprise fragile" de l'économie mondiale, sur laquelle l'envolée des cours depuis novembre fait peser une "menace inacceptable".
Ce sera donc la 3e fois dans l'histoire de l'AIE, créée après le choc pétrolier de 1973, qu'une telle action est menée. Les membres de l'organisation avaient déjà mis à contribution leurs stocks stratégiques après l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990 et après l'ouragan Katrina qui avait frappé les Etats-Unis en 2005.
Participation active des Etats-UnisConcrètement, les Etats-Unis participeront à cet effort à hauteur de 50%, les pays européens pour 30% et les pays asiatiques pour 20%. Le département de l'Energie américain a confirmé dans un communiqué distinct qu'il allait puiser 30 millions de barils dans ses réserves, actuellement à un niveau "historiquement haut" de 727 millions de barils. Les Etats-Unis sont prêts à puiser davantage dans leurs réserves stratégiques de pétrole si nécessaire, au delà des mesures annoncées jeudi en coordination avec les pays membres de l'AIE, a par ailleurs affirmé un haut responsable américain. La quantité de pétrole que les Etats-Unis vont mettre sur le marché, 30 millions de barils, représente en effet "moins de 5%" de ses stocks stratégiques, a remarqué ce responsable pour démontrer que son pays avait encore une large marge de manoeuvre.
De son côté, "la France va contribuer au prorata de sa consommation, soit 3,2 millions de barils, ce qui correspond à environ 2% des stocks stratégiques français", a précisé dans un autre communiqué le ministre de l'Energie Eric Besson.
Les cours s'effondrentImmédiatement les investisseurs se sont délestés de leurs positions sur le pétrole. Dès cette annonce, les cours du pétrole,qui évoluaient déjà en forte baisse, ont en effet accéléré leur dégringolade, plombés par la perspective de l'arrivée d'un fort volume de pétrole sur le marché. Les cours ont ainsi lâche plus de 8 dollars à Londres et près de 6 dollars à New York. Vers 14H10 GMT (16H10 à Paris), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août chutait à Londres de 7,61 dollars à 106,60 dollars, après être descendu quelques minutes plus tôt à 105,72 dollars, son plus bas niveau depuis le 6 mai. A New York, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance lâchait quant à lui 5,02 dollars à 90,39 dollars, après avoir touché 89,69 dollars, son plus bas niveau depuis le 21 février.
Une décision surprise pour faire baisser les prix?Pour certains cette décision aurait pour unique dessein de faire baisser les cours du pétrole, jugés trop élevés dans un contexte d'économie encore fragile. "L'AIE a totalement pris par surprise les investisseurs, avec cette décision qui est une tentative pour faire baisser les cours", trop élevés aux yeux des pays consommateurs, analyse Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
L'AIE, elle, estime avoir été contrainte à agir en raison del'échec, le 9 juin à Vienne, des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à s'entendre sur un relèvement de leurs quotas de production, fixés depuis janvier 2009 à 24,84 millions de barils par jour. Récemment, l'Arabie Saoudite avait toutefois indiqué son intention d'accroître sa production pour apaiser les tensions sur le marché. En guise de justification, M. Tanaka a indiqué que l'AIE avait été en "contact étroit" avec l'Arabie Saoudite et que son initiative visait à "assurer la transition" jusqu'à l'arrivée sur le marché des barils saoudiens, et ainsi "écarter tout risque de pénurie à court terme".
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