terça-feira, 28 de junho de 2011

Prix alimentaires: les gagnants et les perdants du système

REUTERS/Stephane Mahe
C'est un serpent de mer, un sujet qui rejaillit tous les 3 ou 6 mois : qui des distributeurs, des industriels ou des agriculteurs empochent le plus de marges dans le secteur agroalimentaire ? Ce lundi, Philippe Chalmin, professeur d'économie à Dauphine et expert des matières premières a présenté le rapport très attendu de l'Observatoire des prix et des marges alimentaires. Le fruit d'un travail considérable- 250 pages - qui a été réalisé avec l'aide de l'Insee, d'Agrimer et du service statistique du ministère de l'Agriculture. Sans grande surprise, les distributeurs (Leclerc, Carrefour, Auchan) sont, sur 10 ans, les grands gagnants de la filière, ceux qui empochent l'essentiel des marges. Désormais, voici ce que dans les débats avec leurs fournisseurs, ils ne pourront plus nier....
Les crises agricoles bénéficient systématiquement aux distributeurs
"Les marges brutes de la distribution sur dix ans sont à la fois très confortables et peu influencées par l'effondrement des prix aux producteurs", estime le rapport, révélé lundi par les Echos. On s'en doutait déjà, mais cette fois l'étude le prouve : la baisse des prix agricoles bénéficie systématiquement aux distributeurs qui paient moins cher leurs produits et ne répercutent pas pour autant la chute des prix au consommateur final. Résultat, malgré l'effondrement des prix, la distribution continue de voir ses marges augmenter. Exemple probant, la distribution réalise une marge brute importante et constante sur la viande rouge alors même que les éleveurs de cette catégorie enregistrent les revenus les plus bas. Le rapport reconnaît toutefois ne pas avoir eu accès aux informations nécessaires pour établir la marge nette des distributeurs, plus représentative de leurs profits (c'est à dire après avoir retranché des charges comme les salaires, le transport, les impôts, les pertes de marchandises...). Mais c'est derniers pas joué le jeu, officiellement pour des raisons de confidentialité. Ils ont promis de le faire pour le prochain rapport.
Le consommateur ne profite jamais des baisses de prix
A l'autre bout de la chaîne, le consommateur non plus ne profite de la baisse des prix agricoles. Depuis la mi-2007 - année de chute des prix agricoles- les prix pratiqués dans les supermarchés sont en effet restés relativement stables, alors même qu'ils auraient théoriquement dû baisser... Au contraire depuis le début de l'année, les distributeurs commencent à répercuter la flambée des prix alimentaires sur les prix aux consommateurs. Depuis janvier, ils ont ainsi progressé de 2,5% selon l'Insee, et pourraient continuer leur ascension, l'ensemble des hausses n'ayant pas encore été répercutées. Une situation "inadmissible" selon l'UFC-Que-Choisir qui appelle ce lundi le gouvernement à encadrer les marges pratiquées dans la distribution.
L'agriculteur, l'éternel perdant
C'est le grand perdant du système. Le producteur en effet ne gagne à aucun moment. Même quand les prix agricoles montent, il n'en profite pas, la distribution parvenant à faire jouer à fond la concurrence européenne. A l'inverse quand les prix baissent, les agriculteurs sont doublement perdants. Déjà parce qu'ils vendent moins chers leurs produits mais aussi "parce qu'ils ne peuvent pas espérer une augmentation de la demande qui serait due à une baisse des prix", explique l'UFC.
Les plus grosses marges sont réalisées sur les fruits et les légumes
Fruits, légumes et viandes rouges sont les produits sur lesquels la grande distribution réalise les marges les plus importantes. Les produits justement qui ont été les plus touchés par les crises agricoles de ces dernières années. Lorsqu'il vend un melon, le distributeur empoche par exemple 50% du prix. Même constat sur la cerise bigarreau que le consommateur paye cinq fois plus cher que ce qu'elle a coûté au distributeur. Quant au lait de longue conservation, la marge brute des enseignes a été multipliée par deux entre 2000 et 2010. Sur cette même période, le profit sur la longe de porc a complètement changé de main : la part du prix final revenant aux éleveurs est ainsi passée de 45% en 2000 à 36% en 2010. A l'inverse le pourcentage revenant au distributeur est passé de 39 à 55%. Pour certains produits néanmoins il est très difficile de mesurer les marges réalisées par chacun des acteurs de la filière. Parfois celle-ci est en effet tellement intégrée que les éléments à la disposition de l'Observatoire n'ont pas permis de savoir où se faisaient les profits. C'est par exemple le cas des poulets et volailles.
Les industriels de l'agro-alimentaire font également de très belles marges
Finalement, les seuls à savoir se défendre face aux géants de la distribution seraient les industriels de l'agro-alimentaire, à l'image de Danone ou Nestlé. Selon le rapport, les yaourts seraient d'ailleurs le seul segment où les marges des enseignes ont reculé au cours des 10 dernières années, au profit des industriels. Il faut bien dire que pour un géant comme Danone, il est plus facile de négocier ses prix. C'est d'ailleurs la grande défense des distributeurs qui rejettent inlassablement la faute sur les industriels, qui réalisent selon eux de bien meilleures marges. Le rapport lui, estime, ne pas avoir encore assez de données chiffrées pour pouvoir aboutir à une telle conclusion. Il affirme néanmoins que les distributeurs font en moyenne plus de marges que les autres industries dans leur ensemble...

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Observatoire des prix et des marges pour l'année 2008

Le Gouvernement a décidé de mobiliser tous les moyens à sa disposition pour apporter les meilleures réponses à l'augmentation des prix des produits alimentaires. L'observatoire des prix et des marges est mis à jour tous les mois avec les données fournies par des entreprises spécialisées, et le cas échéant avec les données issues des enquêtes de la DGCCRF.
caddies en supermarché
Les indicateurs
L'observatoire des prix repose sur différentes séries d'indicateurs. 
Concernant les produits de grande consommation (PGC), hors poisson frais, vendus par la grande distribution (alimentation, hygiène, droguerie, parfumerie), deux types d'indicateurs fournis par des sociétés spécialisées sont pris en compte :
 évolution des prix réels payés (sortie de caisse) correspondant à la dépense effective des consommateurs. L'observation porte sur 100 000 références constantes observés dans 5 700 grandes surfaces, avec une moyenne de 13 000 références par magasin, soit environ 75 millions de prix par mois observé ;
 évolution des prix affichés, pour 200 000 références constantes observées dans 5 700 magasins, correspondant à la variation des étiquettes visible par le consommateur dans les rayons.
Concernant les prix du poisson frais, les observations portent à partir d'août 2008 sur différentes espèces de poisson de consommation courante. Les données considérées sont les prix moyens mensuels de chacune de ces espèces, relevés en grandes et moyennes surfaces (hypermarchés et supermarchés). La source de ces données est le Service des nouvelles des marchés (SNM).

Les résultats
Résultats de l'observation des prix du mois de décembre 2008
Résultats de l'observation des prix du mois de novembre 2008
Résultats de l'observation des prix du mois d'octobre 2008
Résultats de l'observation des prix du mois de septembre 2008
Résultats de l'observation des prix du mois d'août 2008
Eléments de comparaison de marges concernant la filière agro-alimentaire (juillet 2008)
Résultats de l'observation des prix du mois de juillet 2008
Résultats de l'observation des prix du mois de juin 2008Résultats de l'observation des prix du mois de mai 2008
Résultats de l'observation des prix du mois d'avril 2008
Résultats de l'observation des prix du mois de mars 2008
Premiers résultats sur l'évolution des prix des produits de grande consommation (entre février 2007 et février 2008)
La lettre Trésor Eco n° 32 (mars 2008)

Publications
Formation des prix alimentaires par Eric BESSON - décembre 2008
Formation des prix alimentaires - Eric BESSON - décembre 2008
La flambée des prix observée sur plusieurs marchés agricoles l'hiver dernier a conduit le ministre de l'agriculture et de la pêche, Michel Barnier à confier à Eric BESSON, secrétaire d'Etat chargé de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques, une mission d'évaluation sur la formation des prix alimentaires.
Il s'agissait de comparer les prix mesurés en France avec ceux de nos voisins (Allemagne, Espagne et Pays-Bas), d'analyser la transmission des prix des matières premières aux différentes étapes de leur transformation, de déterminer le niveau des marges des différents acteurs et d'observer la perception, par les consommateurs, de la hausse du prix des denrées...
Consulter le rapport (pdf 2Mo)


Actualisé le 19 janvier 2009

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