sábado, 27 de novembro de 2010

En Irlande, les ONG craignent l'apparition de "nouveaux pauvres"

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LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 27.11.10 | 10h40


Le nouveau plan de rigueur annoncé mercredi par le gouvernement irlandais avec le soutien de l'UE et du FMI, va faire basculer dans la pauvreté des milliers de personnes déjà rendues vulnérables par une récession sans précédent, avertissent les organisations caritatives. "Il ne fait aucun doute que nous allons dépenser plus cette année, prédit John Monaghan, vice-président de Saint-Vincent de Paul (SVP), première association caritative d'Irlande. Nous avons vu une nette hausse du nombre des appels : plus 40 % à Dublin et plus 50 % dans la région de CorkEt un quart d'entre eux n'avaient jamais appelé à l'aide avant."

La faute en incombe à la sévère récession qui a frappé l'Irlande en 2008, mais également aux trois budgets d'austérité que l'île a adoptés depuis. Ajoutant encore au marasme, le nouveau plan de rigueur annoncé mercredi va ajouter "un impact catastrophique", dénonce M. Monaghan. Prévoyant de faire 15 milliards d'euros d'économie, soit 9 % de la richesse du pays, les mesures vont réduire les allocations chômage et familiales, la retraite des fonctionnaires et le salaire minimum. De plus, 25 000 emplois publics vont être supprimés.
"NOUVEAUX PAUVRES ACTIFS"
Les restrictions vont toucher les foyers qui ne survivent que grâce aux aides sociales, mais elles vont également créer toute une nouvelle couche de "nouveaux pauvres actifs", selon l'association. 40 000 Irlandais, soit 4 % de la population active, touchent le salaire minimum, et sa réduction de 12 % pourrait être l'élément de trop qui va les faire basculer dans le dénuement"Ils se situent juste au-dessus du seuil pour recevoir des aides sociales : ils n'ont droit à rien, et ils paient pour tout", prévient M. Monaghan.
L'effondrement de l'économie, avec un recul du PIB de plus de 7 % en 2009 et un chômage à près de 14 %, a déjà fait passer le pourcentage des pauvres de 4,2 % en 2008 à 5,5 % fin 2009, selon les dernières statistiques officielles, publiées jeudi. Pire : le taux de personnes ayant basculé au moins deux fois sous le seuil de pauvreté, avant de refaire surface, est passé à 17 %, soit un bond de 25 %.
MANIFESTATION CONTRE LA RIGUEUR
Pour cette couche de la population, qui vit "à la limite" du seuil de pauvreté, le plan de rigueur va avoir de "très sérieuses répercussions", redoute le père Sean Healy, président de Social Justice Ireland, une organisation caritative catholique. Le prêtre calcule que la réduction des aides sociales va réduire jusqu'à 31 % les allocation."On va voir une hausse gigantesque de la pauvreté en Irlande", prédit-il. "Les plus riches bénéficient de plus de 12 milliards d'euros de dégrèvements fiscaux. Les plus pauvres, eux, paient pour sauver les banques", enrage-t-il. Pour le Père Healy, l'UE et le FMI, qui exigent la rigueur comme condition sine qua non à leur vaste plan d'aide à l'Irlande, sont tout aussi coupables.
Ce samedi 27 septembre, les syndicats irlandais ont appelé à une grande marche dans les rues de Dublin contre l'austérité. Le cortège aura pour destination la Poste centrale, quartier général de l'insurrection irlandaise de 1916 où fut proclamée la République, et symbole de l'indépendance du pays. Les organisateurs attendent plusieurs dizaines de milliers de personnes. La dernière grande manifestation depuis la crise de 2008 a eu lieu en début d'année dernière et a rassemblé quelque 100 000 Irlandais.


Un taux d'intérêt des prêts entre 6 et 7 %

La chaîne publique RTE a rapporté vendredi soir que le taux d'intérêt des prêts actuellement en négociation serait situé dans une fourchette de 6 à 7 %. Le Fine Gael, principale formation de l'opposition, a déclaré qu'un taux aussi élevé était inacceptable. Le parti n'a pas encore pris de position sur le vote du budget 2011 prévu le 7 décembre. Le gouvernement ne compte que deux voix de majorité au Dail, la chambre basse du Parlement, celles de deux élus indépendants qui n'ont pas exclu de voter contre la loi de finances. (Avec Reuters)



"La baisse du chômage en Allemagne masque une plus grande précarité"

LEMONDE.FR | 27.11.10 | 08h23  •  Mis à jour le 27.11.10 | 15h00
Sur le front du chômage, l'Allemagne fait partie des bons élèves européens. Elle est l'un des rares pays à avoir vu son taux de chômage baisser sur un an. Il était de 6,7 % en septembre 2010, selon Eurostat, quand celui de la zone euro s'établissait à 10,1 % de la population active. Une situation qui coïncide avec une reprise de la croissance (3,5 % prévus en 2010, 1,8 % en 2011) et qui pose la question d'un"miracle allemand" au milieu d'une Europe en plein marasme économique. Henrik Uterwedde, économiste et directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, estime cependant que ce maintien de l'emploi s'est fait au prix d'un creusement des inégalités.
Comment expliquez-vous cette situation de l'emploi en Allemagne ?
Henrik Uterwedde : Principalement parce que la gestion de la crise s'est faite grâce à un accord inédit entre le gouvernement, le patronat et les partenaires sociaux, portant sur le travail à temps partiel. Dès 2007, les Allemands ont préféré se dire que la crise était passagère, et que les entreprises avaient intérêt à garder le plus grand nombre possible de personnels qualifiés. Pour des questions sociales, certes, mais aussi pour ne pas manquer de bras au moment de la reprise.
Parmi les décisions adoptées, l'extension du cadre législatif appelé "Kurzarbeit" a été selon moi décisive. Ce dispositif permet à une entreprise de réduire de 50 % le temps de travail (20 heures au lieu de 38 hebdomadaires), qui engendre une baisse de 50 % du salaire. L'agence pour l'emploi allemande prend ensuite en charge jusqu'à 30 % de la moitié manquante de la paie, en fonction de la situation familiale du salarié. L'Etat et les partenaires sociaux ont décidé d'étendre la durée du dispositif de six à vingt-quatre mois. Beaucoup d'entreprises, après accord interne, ont choisi d'appliquer ce mécanisme. 
Lors du pic de la crise, en mai 2009, près de 1,6 million de personnes ont été concernées par le "Kurzarbeit", dont un tiers travaillaient dans la branche métallurgique (incluant l'automobile). Même IG Metall, le très puissant syndicat de la métallurgie, a accepté la mesure, qui a coûté plusieurs milliards à l'Etat allemand, et qui devrait disparaître d'elle-même avec la reprise et le remplissage des carnets de commandes des usines fortement exportatrices. Cela a permis d'éviter les plans sociaux, qui auraient installé beaucoup de monde dans un chômage de longue durée.
Mais la crise a tout de même eu des effets sur les travailleurs allemands ?
Même si certains mécanismes comme le "Kurzarbeit" ont fait la preuve de leur efficacité, il faut rappeler que cela a conduit à une diminution de 20 % des salaires. Et que ceux-ci, depuis dix ans, ont globalement stagné en Allemagne, contrairement aux autres pays européens. De plus, cette moyenne ne rend pas compte du creusement des inégalités : le revers de la médaille du maintien de l'emploi a été l'augmentation prononcée de la précarité.
A vrai dire, on frôle même les abus et l'exploitation en ce qui concerne les temps partiels et les bas salaires. Postes en intérims, CDD, ou même les mini-jobs, ces emplois de quelques heures hebdomadaires rémunérés 400 euros par mois sans charges sociales pour le salarié ont été, ces dernières années, la règle pour un nombre important de travailleurs du tertiaire. [Les "mini-jobs" concernent encore 12 % de la population active.]
Ce sont surtout les emplois non qualifiés (employés de supermarchés, agents d'entretien…) qui ont le plus pâti du système. Les entreprises ont largement préféré faire appel à deux ou trois mini-jobs, fiscalement avantageux, plutôt que d'embaucher pour de bon une personne. On peut ainsi estimer actuellement à 6,7 millions le nombre de travailleurs mal payés en Allemagne.
Quels seront les effets de la reprise actuelle ?
Le climat est actuellement assez exceptionnel, dans le sens où même le patronat et la droite disent que les salariés méritent une hausse des salaires. La reprise est vécue comme la fin de la modération et des sacrifices : les renégociations des conventions collectives, qui auront lieu dans les prochains mois, vont s'inscrire dans ce contexte où chacun demande son dû.
Les syndicats espèrent que l'élan de la reprise conduira à des avancées. Pour ceux qui travaillent, cela signifie soit une hausse des salaires, soit la sécurité de l'emploi. Et pour ceux qui sont au chômage, il s'agit d'avoir de meilleures garanties financières en période de précarité ou de reprise du travail. Cela pourrait passer, par exemple, par la création d'un smic allemand.
Propos recueillis par Michaël Szadkowski

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